Apprendre à écrire n’est pas un acte naturel. C’est un acte fondamentalement culturel. Et apprendre l’histoire, c’est aussi faire ses premiers pas dans la culture générale… Alors quand on peut concilier apprentissage de l’écriture et histoire dans une même activité, c’est du deux-en-un ! Je te montre dans cet article deux activités autour de l’écriture et de l’histoire que j’ai proposé à mon fils, qui allient recherches, manipulations, et rigolade !
Apprendre autrement
Pour apprendre quoi que ce soit, l’enfant doit avoir une motivation, une envie. Certains enfants ont spontanément cette envie d’apprendre, pour faire comme leurs parents, ou parce que cela les attire… C’est valable pour la plupart des apprentissages.
Mais pour l’écriture, c’est un peu différent… Pour certains enfants (et je dirais même pour BEAUCOUP d’enfants 😉 ), apprendre à écrire n’a rien de très attirant. Mon fils fait partie de ceux-là.
Or tu sais que j’aime jouer : on apprend tellement mieux par le jeu ! Alors comment faire de l’apprentissage de l’écriture un jeu ? Comment rendre vivante la découverte des mots, des lettres, de la grammaire ?
Voici deux des pistes que j’ai utilisé pour aborder écriture et histoire avec mes enfants. Apprendre autrement pour apprendre avec plaisir !
Les grands récits de Maria Montessori
Pour émerveiller les enfants, les rendre attentifs, marquer leur esprit, Maria Montessori proposait d’aborder l’Histoire, la langue écrite et les sciences sous forme de « Grand récit ». Raconter des histoires pour apprendre : voilà une façon de transmettre bien sympathique !
Ces grands récits sont au nombre de 5. Le premier raconte la naissance de la Terre et de l’univers , le second l’apparition et l’évolution de la Vie sur Terre, le troisième l’histoire de l’Homme, le quatrième la naissance de l’écriture et enfin le dernier parle de la naissance des nombres. (Tu peux trouver directement les livres sur Amazon en cliquant sur les liens)
Mais… ces récits ne sont pas de simples histoires !
Ces histoires ne sont pas lues, mais racontées. L’éducateur doit les avoir complètement intégrées, les faire siennes, les compléter, les agrémenter d’anecdotes pour captiver l’attention des enfants.Raconter des histoires, oui, mais les vivre, c’est encore mieux !
Et puis, l’adulte rend le récit vivant en illustrant ses propos par des démonstrations : un ballon de baudruche rempli de confettis qui éclate pour illustrer le Big Bang, par exemple…
Quel intérêt pour les enfants ?
Les enfants suivent le grand récit, assistent aux expériences qui l’illustrent, et sont ainsi marqués par le thème de la leçon. A la suite de ce grand récit, l’éducateur proposera une série de leçons accompagnées de manipulations, activités diverses en lien avec une étape du grand récit.
Le côté « spectacle » plaît énormément aux enfants, ainsi que le côté expériences scientifiques et manipulations. Cette façon de transmettre convient bien aux enfants à tendance auditive, visuelle, kinesthésique, interpersonnelle.
+++ Si tu veux en savoir plus sur ces formes d’intelligence, je t’invite à lire cet article : Les intelligences multiples
Ces grands récits donnent une réponse aux grands questionnements des enfants sur notre monde. Une réponse qui sera légèrement différente en fonction de la personne qui transmet ce récit, mais qui marque l’enfant et attise sa curiosité.
La curiosité, élément indispensable pour poursuivre l’apprentissage…
Rendre l’enfant acteur de sa découverte
De mon côté, je n’ai pas transmis les grands récits Montessori à mes enfants, faute de formation à cette époque. Pourtant, j’aime trouver des solutions pour que les apprentissages se fassent dans les meilleures conditions possibles :
- par le jeu
- par l’action
- par l’autonomie
- en suscitant la curiosité et la réflexion
Travailler autour de l’écriture et l’histoire : mon expérience
Puisque nous fonctionnons beaucoup avec mes enfants en pédagogie de projet, nous avons travaillé dernièrement sur le thème de l’écriture. L’écriture, c’est très vaste ! C’est la calligraphie, mais aussi les alphabets de différentes langues, la naissance de l’écriture, de l’imprimerie…((t(
Après avoir emprunté un grand nombre de livres sur tous ces sujets, nous avons parcouru les pages, discuté, raconté en fonction des questions que les enfants posaient.
Rapidement, ils ont eu envie de passer à la pratique !
Ecriture et histoire : de la théorie à la pratique
Les enfants ont choisi chacun un thème qui les attirait plus parmi tout ce que nous avons vu dans les livres. Les thèmes que les enfants ont retenu en premier ont été :
- l’écriture cunéiforme
- l’alphabet morse
- la fabrication d’un livre
- l’invention de nouveaux alphabets
En une matinée, chacun a pu s’essayer à la reproduction d’une plaque d’argile avec inscriptions cunéiformes. Nous avons préparé une galette de pâte à modeler (plus d’argile en stock 🙁 ), et tenté de reproduire les signes observés avec un ébauchoir pointu en forme de roseau. Un sacré défi pour chacun des enfants !
Ils ont pu également écrire une phrase en morse et décrypter celle écrite par les autres, et inventer eux-même un alphabet « codé » ou « imagé ». Leur préférence est allée vers un alphabet dans lequel chaque lettre serait représentée par un animal. Pas facile d’arriver à tout dessiner en différenciant bien les animaux entre eux !
Nous avons poursuivi ces activités le lendemain, pour perfectionner les alphabets différents, et re-tenter l’alphabet cunéiforme.
Des animaux aux hiéroglyphes
Cet intérêt pour les animaux nous a menés vers l’étude de quelques livres traitant des hiéroglyphes. C’est une forme d’écriture que je n’avais jamais eu la curiosité de regarder de plus près, mais cette fois-ci et grâce à un livre vraiment bien fait, je me suis plongée dedans avec délices !
Nous avons lu non seulement l’évolution des hiéroglyphes à travers le temps, mais aussi leurs sens et leur grammaire. Bien sûr, le livre ne donne pas les sens des 5000 signes (ouf !), mais assez pour pouvoir lire quelques phrases, et nous donner le goût d’en créer nous-mêmes !
Pour bien comprendre tout ce qui se joue dans l’écriture des hiéroglyphes, nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure… de la création des hiéroglyphes !
Un alphabet en néo-hiéroglyphes !
Tout d’abord, nous avons vu que chaque signe pouvait être utilisé comme idéogramme, c’est à dire comme mot, comme en chinois. Nous avons donc choisi des symboles pour une trentaine de mots. Comme les hiéroglyphes représentent beaucoup les dieux égyptiens (c’est une écriture sacrée), nous avons également choisi de représenter les dieux de notre maison, sous la forme de nos chats.
Ensuite, nous avons appris que chaque signe avait en plus un rôle de phonogramme, c’est à dire qu’il correspondait à un son. Nous avons donc ajouté des sons à nos dessins. Au chat « dieu » nous avons fait correspondre la lettre « R », car il ronronne beaucoup. La déesse « chatte » a vu s’attribuer la lettre « S », car elle est plutôt du genre agressive et crache sur les autres chats du quartier…
Puis il a fallu faire des phrases …
Et c’est là que tout s’est compliqué. Car pour faire des phrases, les égyptiens ne mettaient pas simplement des dessins les uns à côté des autres !
Tout d’abord, le sens de lecture (et donc d’écriture) a dû être déterminé. En effet, les égyptiens écrivaient dans le sens qui les arrangeait en fonction de l’architecture du lieu. Le sens de lecture étant marqué par les personnages : ils regardent toujours vers le début de la phrase !
Ensuite, nous avons découvert que les signes étaient employés comme phonogrammes ou comme idéogrammes dans un même mot ! Il fallait souvent 3 signes pour dire un mot : les deux premiers servant de phonogrammes, pour les syllabes, et un troisième servant de « déterminatif », pour être ben sûr de ce dont nous parlons… Comme si en français, pour écrire « Bateau », nous dessinions une flèche vers le bas (pour « ba »), un soleil qui se lève (pour « tô »), et enfin un bateau pour bien comprendre de quoi il s’agit !
Une façon de faire des rébus un peu compliquée…
A cela s’ajoute la grammaire
Une fois que l’on sait faire des mots, encore faut-il apprendre à faire des phrases ! Donc comment représenter une action ? Mettre un mot au pluriel ? Représenter un enchaînement d’actions ?
Toutes ces questions ont trouvé leur réponse, et nous avons inventé notre propre façon de faire dans nos néo-hiéroglyphes. Nous nous sommes amusés à écrire des phrases et à les déchiffrer, non sans mal ! Il nous a fallu 10 minutes d’intense concentration pour écrire simplement « Passe-moi le sel » 😉
Une expérience inoubliable
A travers ce voyage au centre de l’écriture et de l’histoire, nous avons vécu pendant une semaine une expérience très riche.
Nous avons vécu :
- l’Histoire de l’écriture, et l’évolution des hiéroglyphes.
- la difficulté d’inventer une écriture, la remise en question de chaque étape
- la nécessité de la grammaire, et les choix particuliers qui peuvent être faits dans différentes langues
- beaucoup de créativité
- beaucoup de rires aussi 🙂
- des travaux manuel avec la fabrication d’un livre pour retranscrire notre travail
- un travail de synthèse pour expliquer ce que nous avons appris sur les hiéroglyphes à chaque étape
- et depuis, beaucoup d’expression orale pour raconter à la famille et aux amis notre grande aventure !
Alors, toi aussi, prête à replonger en Egypte antique avec tes enfants ? Raconte-moi tes expériences et différents projets avec tes enfants dans les commentaires au bas de la page !
Bonjour Lætitia,
Décidément encore une coïncidence avec ton activité du jour !
Nous étudions l’histoire avec Story of the World, un livre + cahier d’activités anglophone. Cette semaine, le thème est celui de l’écriture, les hiéroglyphes et l’écriture cunéiforme. Nous étions un peu préparés grâce à la lecture de ‘Livre…’ que tu avais recommandé il y a quelques temps et qui nous avait passionné (ce livre a été notre histoire du soir pendant plusieurs semaines ! ).
Bref, je viens de commander le livre sur les hiéroglyphes. Quels livres recommandes-tu pour un panorama des différentes écritures ? Le livre Montessori est magnifique mais très succinct. En général je cherche des livres que je peux utiliser plusieurs fois pour couvrir plusieurs années (maintenant quand les enfants seront plus âgés). Mes fils aînés ont 8 et 6 ans donc on aimerait faire un survol des écritures, en choisir une ou deux et potentiellement y revenir dans quelques années.
Encore merci pour tous ces articles !
J’ai trouvé ce livre
https://www.placedesenseignants.com/le-tour-du-monde-des-ecritures
Je cherchais celui qui est sur tes photos parce qu’il y a des activités mais je ne l’ai pas trouvé
Bonjour Sylvie,
Merci pour ton retour !
Le livre qui est en photo devant ma fille au code morse, c’est celui-ci : L’écriture Kézako chez Mango jeunesse. Cette collection est très bien faite, avec un livre par sujet « scientifique » (les couleurs, la lumière, la chimie …) et surtout plein de petites activités qui sont de bonnes bases, très bien pour 6/8 ans en effet. Après, il faut bien sûr approfondir pour les plus grands !
Merci Laetitia !
Grâce à toi, je me suis réorientée vers Montessori ces dernières semaines. Les manipulations aident mon fils aîné à comprendre et retenir. J’ai trouvé plein de chouettes ressources sur Participassions pour l’entraîner à la lecture.
Et j’avoue que le côté autonomie est d’une grande aide en IEF. Une fois lancé sur une dictée muette, je peux faire un peu de maths avec son frère par exemple.
Nous avons terminé les modules sur l’écriture. Je vois une différence pour mon fils de 6 ans. Il est plus précis avec son crayon. On commence l’écriture cursive la semaine prochaine avec le cahier Dumont. Cette semaine, il a suivi les lettres rugueuses du doigt chaque jour.
J’utilise aussi beaucoup les mouvements pour apprendre. J’en sélectionne 3 chaque semaine et on tourne.
Bref, tes messages et tout ton travail sont une grande inspiration pour moi. J’ai du remanier notre rythme et nos activités à la maison suite au diagnostic TDAH de mon fils aîné. Je te remercie pour tes idées et ta positivité