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Motiver ses enfants : mon expérience et mes astuces

Comment motiver ses enfants à travailler ?… ou comment l’insertion dans le système sociétal peut se faire dès la primaire ! Travailler, c’est pour les grandes personnes. Les enfants, eux, leur travail c’est l’école. Oui mais… je connais des enfants qui aimeraient bien avoir un vrai  travail, reconnu par la société. Se faire une petite place… J’en connais d’autres qui s’en fichent complètement, ou au contraire profitent de leur statut d’enfant pour jouer tant qu’ils en ont le temps !

Motiver ses enfants : une histoire de cerises…

Comment motiver ses enfants à accomplir les « tâches ingrates », pas passionnantes ? Eh bien, en les rendant passionnantes !

J’aimerais vous faire part d’une expérience vécue chez nous il y a quelques années.

Nous étions en pleine période de récolte des cerises. Pas vraiment une tâche ingrate, me direz-vous ! Sauf que nos cerises ne sont pas très bonnes à manger telles qu’elles. Elles sont un peu acides et sont bien meilleures cuites en clafoutis. Et surtout nous avons deux gros cerisiers ! Nous avions déjà fait trois clafoutis dans la semaine, et quand j’ai parlé aux enfants de m’aider à cueillir les cerises pour les congeler, l’enthousiasme n’était pas trop présent. Très rapidement, ils ont préféré jouer dans le jardin pendant que je faisais la cueillette ! Face à ce manque de motivation de leur part, je m’apprêtais donc à tout gérer toute seule… Mais…

Ayant parlé à une amie de notre surplus de cerises, elle a proposé autour d’elle de nous en racheter à bas prix. Elle nous en a donc commandé deux kilos pour le lendemain, et 5 kilos pour le surlendemain.

Là, plus question de traîner, d’autant plus que je devais m’absenter pour la journée… J’ai donc expliqué la situation aux enfants. Ces cerises allant être achetées, et tout travail méritant salaire, je leur ai proposé que pour les cerises qu’eux-mêmes cueillaient et préparaient (passer sous l’eau, équeuter, peser en sachets de 500g et congeler), l’argent leur revienne entièrement, soit 2€ par sachet de 500g.

Les trois ont apprécié ce défi, ont calculé la rentabilité, et m’ont accompagnée à la cueillette de suite !

Déroulement des opérations

La cueillette a été bien plus rapide (à 4, ça va plus vite !). Mais c’est ma fille de 9 ans, A, qui a été la plus constante. Directement, elle m’a proposé de commencer la mise en sachets pendant que je continuais la cueillette. Elle a vu que cette étape aussi serait longue et a réussi à l’anticiper. Les deux autres ont fait une pause…

Elle a aussi très vite compris qu’il faudrait tenir des comptes pour ne pas se perdre. Elle est allée chercher une feuille et a tracé un tableau avec le nom des enfants et un système de bâtons pour noter les sachets préparés (une bonne démonstration d’unschooling, non ? 😉 ).

Bilan de la première journée : A avait préparé 4 sachets, M (10 ans) en avait fait 1, plus pour tester, et Mo (7 ans) un aussi, parce qu’elle était allée jouer avec son petit frère rapidement.

Deuxième journée :

Partant pour la journée, je me suis levée tôt pour commencer la cueillette. Dès son réveil, A, toujours motivée, m’a rejointe pour m’aider. Puis elle s’est arrêtée pour prendre son petit déjeuner. Mais quand elle m’a vue trier les cerises abîmées et mettre en sachets, elle est venue m’aider à nouveau. Nous avons fait le travail à deux, ce qui a permis d’avancer assez vite et de finir la commande dans les temps. Les deux autres grands enfants n’ont pas souhaité remettre la main à la pâte, ils avaient d’autres jeux à faire…

Il a été décidé avec A que comme elle n’avait pas fait le travail seule, mais qu’elle avait bien aidé, elle recevrait 1€ par sachet, ce qu’elle a trouvé juste.

Bilan des comptes : M a gagné 2€, Mo 2 aussi, et A 13 !

Bilan de notre mission motivation :

Nous avons pu voir les différentes réactions de nos enfants face à un travail rémunéré. M et Mo sont dans le plaisir simple et immédiat, ont testé par curiosité. Maintenant qu’ils savent ce que c’est, ils pourront y revenir plus tard. L’argent est intéressant, mais pas un besoin fondamental pour eux.

Par contre, A a toujours aimé manipuler l’argent, les pièces, les billets. Elle est celle qui cherche le plus à gagner de l’argent, qui est la plus stressée si on vient à en manquer. Et paradoxalement la plus dépensière aussi !

C’est donc naturellement qu’elle a été la plus motivée pour cette activité. Elle a pu dans cette expérience jouer à la marchande, tenir les comptes, répartir les gains… et elle était heureuse ! Elle s’est littéralement passionnée pour cette tâche, qui présentait un réel intérêt pour elle.

Ce qui est surtout important à nos yeux, c’est que intéressés ou non par l’argent et les cerises, les enfants ont pu voir que :

– une commande se prend au sérieux. On ne fait pas attendre le client, on fait de notre mieux. On se donne les moyens d’y arriver (se lever tôt, anticiper…) ;

– un travail se fait jusqu’au bout : cueillir les cerises est une chose, mais il fallait vite les préparer pour ne pas qu’elles s’abîment ;

– si on s’investit dans un travail, même minime, on peut vite gagner un peu d’argent : ce travail était à leur portée… voilà une idée pour se faire de l’argent de poche pour les années à venir ! Il leur reviendra en plus d’organiser la commande, de démarcher les voisins, copains…

Quelles leçons en tirer pour motiver ses enfants ?

La leçon, c’est que pour motiver ses enfants il faudrait systématiquement les rémunérer pour chaque tâche faite dans la maison ? Pas forcément. Et je dirais même pas du tout. Le but n’est pas de motiver ses enfants avec une contrepartie financière à chaque fois.

Ici, c’est parce que nous recevions de l’argent de l’extérieur que cette rémunération leur a été proposée. Mais vider le lave-vaisselle, c’est un acte quotidien, et pas exceptionnel ! Sauf s’ils le font pour aider en milieu professionnel (café, boulangerie…) auquel cas une petite rémunération serait juste. Il y a une différence entre effectuer une tâche/une corvée en tant que travail, et à la maison parce qu’elle fait partie des choses à faire !

La leçon à en tirer d’après moi, ce serait plus qu’il faut parvenir à trouver un sens concret à leurs actions. On peut expliquer les notions, pendant une heure avec un cahier, ou on peut les vivre directement. On peut faire du calcul avec un enfant qui ne comprend pas pourquoi, et n’a pas envie, ou on peut ramasser, trier et empaqueter des cerises, puis faire les comptes.

Il y a forcément des choses qui intéressent ton enfant. Même s’il y en a peu, ou si tu ne les comprends pas. A toi de l’observer pour les découvrir. Ainsi, tu pourras t’en servir pour lui faire assimiler des notions plus facilement. S’il adore par exemple un manga en particulier, tu peux lui proposer de regarder avec lui un épisode qu’il connaît par cœur, mais en anglais pour améliorer son accent. S’il joue du piano, travailler sur les morceaux de son film préféré sera probablement plus motivant que d’apprendre les musiques imposées !

Observer son enfant

Par ailleurs, tu peux l’encourager à se lancer de petits défis ou à définir des objectifs simples à court terme, dans divers domaines. Il prendra peu à peu confiance en lui en constatant qu’il rencontre du succès dans ce qu’il entreprend.

Finalement, motiver ses enfants, c’est réussir à allumer une petite étincelle dans leur esprit. Une petite étincelle qui va les faire réfléchir, puis agir, expérimenter et comprendre. A toi de jouer !

[Tu ne sais pas comment « observer » ? Tu as beau y mettre du tien, tu ne parviens pas à le comprendre et à cerner sa personnalité, ce qui l’intéresse ? Je peux te filer un coup de main pour trouver des réponses à toutes ces questions, et des méthodes adaptées à TON enfant. Si ça t’intéresse, c’est par ici => Comprendre mon enfant et ses façons d’apprendre.]

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Cet article a 2 commentaires

  1. Arnaud

    bravo !!

    un bel exemple d’apprentissage par l’expérience de la valeur et de la marchandisation

    une bien chouette alternative de découverte de la performance et de la réification des relations

    il est bien dommage que cet article soit gratuit : un tel effort mériterait salaire …

    1. Laetitia Plisson

      Bonjour, merci pour cette réaction. Je me permets toutefois de répondre en quelques points :
      -l’expérience de la valeur est importante dans notre société. Nous ne vivons malheureusement pas au pays des Bisounours, et même si nous transmettons à nos enfants les valeurs de partage et d’échange, ceux du commerce existent aussi…
      -Pour ce qui est de la performance, il n’y avait aucune notion de compétition entre mes enfants. Ma fille était juste fière d’elle, c’est tout. Pas de mauvaises relations, juste un apprentissage de ce qui l’intéresse, et l’observation du moindre intérêt de ses frères et sœurs.
      Pour la gratuité de cet article, vous pouvez tout à fait lui attribuer une valeur marchande si vous considérez qu’il en a une.

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