Lorsque ton tout-petit est venu au monde, que lui as-tu souhaité pour sa vie à venir ? Quels sont les vœux que les fées ont formulé, penchées sur son berceau ? Amour, bonheur, richesse, générosité… Bonnes notes à l’école ? Bien savoir se ranger avant d’entrer en classe ? Pas sûr… On peut souhaiter la réussite pour son enfant, oui, mais la vraie réussite va bien au-delà de la « réussite scolaire ».
La réussite scolaire, pour quoi faire ?
Réussir à l’école, cela signifie réussir à être « bon » dans tout ce que l’école nous apprend. Et… qu’est-ce qu’elle nous apprend, l’école ?
L’école apprend à nos enfants à vivre en groupe
Eh oui, la fameuse socialisation ! Indispensable à l’épanouisement de l’enfant… Oui, mais la socialisation passe-t-elle forcément par l’école ?
L’école apprend à nos enfants à vivre en groupe. Oui, mais dans un groupe qui ne reflète pas notre société. Si tu te promènes dans la rue, en ville ou à la campagne, tu rencontreras des personnes d’âge différent, aux occupations variées, et qui n’ont pas le même bagage culturel.
L’école regroupe des enfants par classes d’âge, et leur impose d’avoir une même occupation tous au même moment. Cela ne te fait pas penser à quelque chose ? Mais oui, à un travail à la chaîne, avec un chef qui donne les ordres et une série d’ouvriers qui s’exécute…
L’école apprend à nos enfants à être de bons ouvriers, pas des chefs d’entreprise !
L’école apprend à nos enfants à réfléchir
Bien sûr, on va à l’école pour devenir plus intelligent ! NON, NON et NON ! L’école permet aux enfants de réfléchir, certes. Réfléchir pour s’approprier une logique mathématique, comprendre et corriger ses erreurs de français, trouver la solution à un problème…
Il s’agit rarement d’exprimer une opinion personnelle (à part un peu en français et en philo…) encore moins de réfléchir au sens de la vie ou émettre une réflexion critique.
Et puis, a-t-on besoin de l’école pour apprendre à réfléchir et analyser ? En faisant un peu de travaux manuels, de bricolage, de jardinage et en communiquant (par lettre ou par mail), on apprend à faire un projet, un plan, un brouillon, et à l’améliorer jusqu’à sa réalisation.
Les adultes en dehors de l’école apprennent aussi tous les jours. Par des émissions de radio, des documentaires, des vidéo Youtube, des formations en présentiel ou en ligne… Aujourd’hui, tout peut s’apprendre, et par de nombreux moyens différents. On apprend à apprendre tout au long de notre vie, et l’école n’est que l’un de ces moyens.
L’école apprend l’autonomie
Ah, l’autonomie des enfants …Ça fait partie des belles idées, du moins de celles qui nous séduit, nous, parents, lorsqu’on inscrit notre tout petit en maternelle. C’est un âge où l’on a hâte que nos enfants grandissent et sachent faire plus de choses tout seuls !
Mais dans la réalité, même en maternelle ils n’ont aucune autonomie : toute la classe passe aux toilettes en même temps, les enfants sont servis à la cantine (on ne leur demande ni de mettre le couvert, ni de débarrasser…). Et puis, ils doivent faire ce qui est demandé lorsque c’est demandé, encore et toujours…
La réussite scolaire, c’est donc apprendre à obéir, et arriver à répondre aux règles et consignes données dans le cadre de l’école.
Apprendre l’autonomie à quelqu’un passe par lui apprendre à se connaître. Oui, se connaître soi, en tant qu’individu. Tout passe par là. Une fois que l’on connaît ses propres besoins, envies, façons de fonctionner, émotions, expressions… Alors seulement, on peut agir en conséquence.
Prenons un exemple. Un enfant qui va à la piscine avec sa classe et qui a peur de l’eau aura du mal à faire les exercices proposés, va se comparer aux autres, se sentir nul et perdre en estime de soi… S’il a eu la chance d’avoir du temps et un accompagnement pour apprendre à se connaître, alors il sait qu’il a besoin de temps et qu’il saura nager quand ce sera le moment pour lui. Il aura peut-être des techniques pour surmonter sa peur, qu’il appliquera dans son coin. Ou bien, il saura expliquer au professeur qu’il préfère rester au bord du bassin… Quoi qu’il en soit, il aura acquis en autonomie, car il saura ce qui est bon pour lui à ce moment là, plutôt que d’être en souffrance avec le groupe.
L’autonomie sociale viendra naturellement après l’acquisition de l’autonomie personnelle, or l’école inverse l’ordre des choses.
L’enfant qui veut réussir à l’école va mal…
Réussir à l’école, cela signifie « rentrer dans le moule ». Un enfant qui veut à tout prix réussir, va se mettre la pression pour y arriver. Peut-être qu’il sera premier de sa classe, mais peut-être pas. Qu’il soit « bon » ou « moins bon », la pression est la même : s’il n’a pas la meilleure note, il se sentira dévalorisé.
La cause ? Elle peut être multiple : pression mise par les parents, pression mise par l’enseignant, pression que se met l’enfant tout seul (parfois il s’agit d’enfants précoces, ou très perfectionnistes ; un enfant peut décider aussi de « battre » un camarade au prochain trimestre pour se sentir appartenir à un groupe de copains, par exemple).
Ces enfants se fichent éperdument d’apprendre : ils sont à l’école pour faire plaisir à leurs parents, à leur enseignant, ou à leur égo. Ils se retrouvent finalement en situation de stress permanente, ce qui leur fait utiliser beaucoup d’énergie au quotidien.
Et si ces enfants, malgré tous leurs efforts n’y arrivent pas (ils ont de mauvaises notes, ou du moins un fort sentiment d’échec), c’est tout leur comportement qui peut devenir difficile à gérer, à l’école et/ou dans la famille. Comprends-les : ils vont chaque jour travailler dur, pour essayer d’atteindre des objectifs inatteignables !
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L’enfant qui réussit ne va pas mieux…
Certains enfants, sans faire d’efforts, réussissent à l’école. C’est peut-être le cas des tiens ? Ils ne font pas grand chose, et ont de bonnes, voire d’excellentes notes. Pas de pression, c’est comme ça, c’est facile. Tant mieux ! Mais est-ce qu’ils vont vraiment mieux ?
Bien souvent ces enfants n’ont pas ou peu de copains. Les autres enfants, ceux qui travaillent et n’y arrivent pas, les mettent à l’écart. Ils peuvent même être victimes de harcèlement scolaire.
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Et puis, les parents sont contents, les professeurs sont contents, alors il ne se passe plus rien. L’enfant avance de classe en classe, suit le chemin tout tracé, mais oublie souvent de se poser les bonnes questions.
- Que voudra-t-il faire ?
- Qu’est-ce qui l’intéresse vraiment ?
- Qu’est-ce qu’il voudrait apprendre ? Savoirs, savoirs-faire, savoirs-être…
Il arrive que ces enfants se réveillent un jour, le bac en poche, en se demandant ce qu’ils vont bien pouvoir choisir comme études… ou même, choisir de faire des classes prépa, juste pour repousser le moment de choisir !
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Parents, arrêtez le massacre ! La réussite scolaire n’a aucun intérêt
Ceci est un appel du coeur ! Parents, le pouvoir est entre vos mains…
Le pouvoir de limiter la casse et de dire STOP à la pression de l’école sur vos enfants. L’instruction est obligatoire entre 3 et 16 ans en France. Vous travaillez, n’avez pas le projet de déscolariser votre enfant pour faire l’instruction en famille, cela se comprend et c’est tout à fait respectable. Pourtant, ne vous laissez pas happer par les sirènes de la réussite scolaire ! Elle ne présente aucun intérêt.
Le vrai intérêt pour votre enfant est son épanouissement personnel, au sein de sa famille et dans son cercle d’amis. Amis de l’école ou d’ailleurs !
Sa réussite à lui ne dépend pas de la réussite scolaire. Combien de cancres sont devenus des personnes aux métiers respectables, et ont fait pour cela plusieurs années d’études après le bac ?
Alors relâche la pression, et permets à ton enfant de se décharger de la pression mise par les enseignants. Aide-le à sortir de la compétition, encourage-le à développer ses passions, et tant pis si un devoir n’est pas fait de temps en temps…
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L’école est une institution qui change très lentement. Attention, je ne dépeins pas un tableau affreux en dévalorisant le corps enseignant. Je sais que de nombreux maîtres et maîtresses font leur métier avec beaucoup d’amour et de convictions, et qu’ils font de leur mieux pour transmettre de belles valeurs à nos enfants.
Je sais aussi que malgré eux, ils subissent la pression du système éducatif, des inspections, des programmes, des évaluations, et que malgré tout ils transmettent cette pression à nos enfants…
Alors toi, parent, continue à transmettre à tes enfants ces valeurs qui sont fondamentales pour toi, et qui sont le gage de la réussite de ton enfant à tes yeux.
Quelles peuvent être ces valeurs ? Quelques propositions… le partage ; l’entraide ; la fraternité ; l’humour ; rendre service ; la curiosité ; l’action ; le dépassement de soi ; le rêve ; l’autonomie ; la débrouillardise ; la créativité ; la communication…
N’attends pas que tes enfants aient le bac pour leur apprendre la vraie vie !
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Superbe ! Ton texte, Laetitia, rejoins un de John Taylor Gatto que j’ai lu récemment.
En ce qui me concerne, j’étais une bonne élève qui faisait ses devoirs comme on lui demandait pour faire plaisir. Au final, ça m’a desservi… je me suis retrouvée en 1ère avec des bonnes notes en français et une catastrophe en sciences et maths. Je voulais passer en A (L) mais tout le monde m’a poussé à redoubler en S. Mes parents et le conseiller d’orientation m’ont dit que je ne trouverais pas de travail en littéraire. Arrivée au bac, obtenu avec mention, j’ai été poussée en école d’ingénieur ‘parce que je pouvais le faire’. Il a fallu que je me motive pendant encore 5 ans pour faire des études qui ne m’intéressaient pas.
Mon rêve depuis toute petite était de travailler dans une librairie, être entourée de livres. Aujourd’hui, j’ai 43 ans et c’est toujours mon rêve. Quand on me dit ‘mais tu es ingénieure !’, ça me rend triste car ça me rappelle mon rêve perdu.
Mon rêve pour mes enfants, c’est qu’ils trouvent leur voie, qu’elle quelle soit et je les aiderais.
Merci Sylvie pour ton témoignage !
De mon côté, c’est un peu pareil, sauf que j’ai eu la chance d’avoir une maman qui avait cet esprit critique vis-à-vis du système, et a su m’aider à mieux me connaître. Si j’avais écouté les profs, j’aurais fait de l’allemand, du latin, et scientifique. En apprenant à me connaître, j’ai fait du grec, de l’anglais, de l’espagnol et de l’arabe, littéraire, et au final j’ai ouvert mon atelier de mosaïque…
C’est vraiment important pour moi que les parents reprennent leur pouvoir et leur devoir, qui est d’accompagner leurs enfants vers leur épanouissement, sans s’en remettre les yeux fermés à un système qui a ses avantages et ses défauts.
D’accords avec tous vos propos! D’ailleurs il y a une très bonne vidéo sur ce sujet intitulé: « du paradigme de l’éducation » à voir par ici: https://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE&feature=youtu.be
Bonne journée!
Merci beaucoup pour le partage de cette super vidéo !
C’est super, tu as pu suivre ta voie et tu as eu le soutien de ta maman ! Mes parents ont raisonné en terme de sécurité financière. L’intention était bonne mais bon… je pense que si on fait quelque chose qui nous plaît ou même passionne, il doit être possible de gagner sa vie. Et sinon, on aura essayé.
Ton dernier point me rappelle un article lu ce matin. Un site internet (childcare) a interrogé plus de 2.000 parents au Royaume- Uni. 25% ont l’intention de continuer l’IEF une fois le confinement fini. 80% pour avoir plus de contrôle sur ce que leur enfant apprend, 50% à cause du harcèlement et 90% pour le temps passé avec leur enfant. Ces 90% m’ont mis en joie ce matin ! Et le contrôle sur l’apprentissage est intéressant aussi… est-ce que les parents pensent que leurs enfants devraient apprendre d’autres choses, ou différemment ?
Merci pour ce coup de gueule qui rappelle les fondamentaux. Donner l’ouverture d’esprit à nos enfants en la gardant nous mêmes.
Je fais partie de ces élèves qui y arrivaient sans trop d’effort. J’ai fait une thèse, avec efforts quand même; -), et c’est à 35 ans que la naissance de mon 1er enfant m’a ouvert les yeux. Je n’ai pas vraiment choisi de faire mon métier. Je me suis laissée porter par le système qui apporte quand même son lot de fiertés sans jamais me demander ce qui me faisait rêver. Je cherche encore…
Mais pour les enfants, ahhh je suis méfiante de l’école qui a déjà un peu casser le peu dautonomie acquise en crèche par ma fille maintenant en MS, maternelle. Vive le confinement pour rattraper tout ça.
Mais l’IEF, dur d’y passer bien que cela laisse rêveur.
Encore merci pour ce bel article.
Merci Anissa pour ton témoignage ! J’ai également l’exemple d’une de mes soeurs, qui a suivi le cursus avec classes prépa, Polytechnique, thèse, recherches… Et aujourd’hui ne sait toujours pas ce qu’elle veut faire : sa carrière dépend entièrement du système. Pendant un temps, elle hésitait entre travailler sur les énergies renouvelables ou sur l’énergie nucléaire !
Bravo en tous cas pour ce recul et ce nouveau regard pour la scolarité de votre fille. L’IEF est un choix, mais celui d’accompagner au mieux nos enfants dans le système pour qu’ils gardent leur personnalité et un esprit critique en est un aussi.
Bonjour ,
Le titre de votre article » la réussite scolaire n’a aucun intérêt » me semble abusif et surtout simpliste et caricatural. On ne peut dire que la réussite scolaire n’a aucun intérêt, tout dépend de ce que l’on en fait. L’école avec tous ses défauts permet aux enfants de se socialiser avec tous les enfants, même ceux que l’on est pas amené à rencontrer dans son milieu social, et ça c’est essentiel. Dans la vie future, si l’on souhaite vivre en bonne harmonie avec les autres et ne pas vivre en vase clos avec des personnes uniquement de son milieu et surtout de ses convictions, l’école, même imparfaite, me semble être un bon moyen de s’ouvrir vers les autres et d’apprendre la tolérance. Un enfant qui réussit à l’école et qui est encouragé par ses parents qui l’accompagnent, cela n’a pas aucun intérêt pour lui, tout dépend de ce que ses parents lui renvoient. S’ils le mettent en confiance et ne lui mettent pas trop la pression effectivement, cela n’a pas aucun intérêt pour lui, mais va lui permettre de trouver sa place dans la société, entouré d’autres enfants, qu’il n’aurait sans doute pas croisé.
Tellement vrai tout ça ! Pour la socialisation si l’enfant fait des activités à l’extérieur (danse , musique etc..)en plus de l’IEF il sera tt autant socialisé . Quand on voit le degré de mal traitance dans les écoles ! Et je sais de quoi je parle pour y avoir travaillé ! «mettez vous ici » « copiez ça » toujours des ordres ! Veut on faire de nos enfants des soldats(ou des moutons ) ou de futurs adultes capables de discernement ? Après évidement il y a des enseignants formidables ,la maîtresse de ma fille cette année en fait partie , mais ils subissent en effet de système éducation nationale comme vous le dites si bien Laetitia , d’ailleurs ils le disent eux mêmes ! J’espère vite trouver une activité pouvant me permettre de faire l’IEF car le collège c’est selon moi encore pire !
Merci Laetitia pour vos articles qui font du bien et qui parlent à mes valeurs profondes.
Merci pour ce retour ! Je suis bien d’accord avec le fait que le collège soit encore pire… Les adolescents ont besoin de développer leur personnalité et leur autonomie, pas d’être assommés de devoirs à la maison après leur semaine de classe bien chargée…