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Tous les profs devraient avoir fait l’IEF !

Plus j’y réfléchis, plus il me semble évident qu’avoir fait l’expérience de l’Instruction En Famille (IEF), pendant au moins une année, serait d’une grande richesse pour tous les professeurs et pourrait modifier en profondeur l’instruction de nos enfants.

Pourquoi un tel propos ? Tout simplement parce que j’ai fait cette expérience, et qu’elle me sert tous les jours, à accompagner les enfants de façon individualisée et avec humilité !

Première leçon : l’humilité.

Ce que j’ai appris en premier en pratiquant l’IEF avec mes enfants, a été de me mettre à leur service.

Pour enseigner quelque chose dans le quotidien, il paraît invraisemblable d’asseoir l’enfant à une chaise, lui demander de ne pas bouger et de se taire, lui faire un leçon écrite au tableau et lui demander des exercices d’application !

Par contre, profiter de chaque instant, de chaque question pour glisser des bribes d’informations, puis des informations plus conséquentes si la demande vient de lui… C’est beaucoup plus approprié et bénéfique pour l’enfant, qui va tout retenir. En plus, pas besoin d’investir dans un tableau…!

Tous les profs font l'IEF
Apprendre en IEF, il suffit de regarder !

En pratiquant de la sorte, ce n’est plus le parent-enseignant qui inculque le savoir à l’enfant, mais bien l’enfant qui est acteur de ses apprentissages.

Le parent-enseignant, lui, doit être à l’écoute et au service de l’enfant.

Attention, il s’agit d’être au service de l’enfant pour ce qui concerne les apprentissages. Je ne parle pas ici des règles de la maison ou de la classe : adultes comme enfants ont des règles à respecter et des places à tenir pour que tout le monde puisse bien vivre ensemble.

« Au service de » ne signifie pas que l’enfant est roi et que le parent est son serviteur !

Pour vous donner un exemple : je me considère comme « au service des apprentissages de mes enfants » lorsque, sur une question donnée, je ne trouve pas de réponse satisfaisante et vais chercher dans un dictionnaire. Ce que je trouve n’est évidemment pas accessible pour un enfant de 4-5 ans, alors je reformule la réponse pour l’adapter à leur compréhension.

Un autre exemple : pour qu’un enfant qui n’écrit pas encore puisse tout de même apprendre à formuler ses pensées pour les passer à l’écrit, pour rédiger des lettres, cartes postales ou petit journal, je me mets à son service en servant de secrétaire, en écrivant sous sa dictée et en lui relisant ses propos.

Deuxième leçon : patience et confiance

En IEF, j’ai appris à faire confiance en l’intelligence de mes enfants.

Ce n’est pas toujours simple, même en tant que parent, de voir que son enfant de 9 ans n’écrit pas, ne connaît pas l’orthographe, alors qu’il lit beaucoup et est très calé en maths…

On a vite tendance à se référer aux programmes scolaires, à ce qui est « normal » et à faire pression sur l’enfant pour qu’il apprenne vite telle et telle chose, et pour revenir à un niveau jugé correct. C’est ce que font les enseignants, qui doivent suivre le programme coûte que coûte et tirent la sonnette d’alarme dès qu’un élève ne suit plus, décroche du train en marche.

Or en IEF, on a le temps.

Le temps d’expliquer à l’enfant qu’il devra apprendre ces choses là, à quoi elles lui serviront dès maintenant et plus tard. Et on a le temps d’entendre sa réponse : « Oui, je sais, mais là ça ne m’intéresse pas. »

A l’école, devant ses mauvaises notes, cet enfant aurait déjà perdu confiance en lui, se dirait « je suis nul en français et ça ne changera jamais! ».

Mais là, tranquillement, en apportant des petits exercices de copie et de graphisme pour faire travailler la main, et en se mettant à son service et à son niveau, en insistant parfois tout en respectant ses refus, le goût de l’écrit peut rester en veille encore un certain temps. Et quand la période sensible se fera sentir, il engrangera toutes les règles à grande vitesse, et aura rattrapé son « retard » en quelques mois, sans stress et sans perdre confiance.

Tous les profs font l'IEF
Tôt ou tard, votre enfant saura écrire… et peut-être avec plaisir ?

C’est nous, parents, qui apprenons à faire confiance ainsi à notre enfant. Et c’est en ayant vécu des expériences comme celle-là que les enseignants peuvent vraiment encourager les élèves, trouver leur période sensible pour les accompagner au mieux, détecter si un retard est dû à une incapacité à apprendre ou simplement à un désintérêt passager pour une matière.

Forcer un enfant à apprendre les additions à un moment où il se passionne pour la langue française, les rimes et les histoires ne sert à rien.

L’encourager dans l’étude de la langue, lui parler du théâtre, de poésie en rimes et en prose, et l’aider à en écrire une en comptant les pieds de chaque vers sera beaucoup plus productif !

Et les additions viendront bien un jour, on en a besoin pour faire des courses !

Troisième leçon : organisation et improvisation

J’ai appris en instruisant mes enfants à la maison qu’un minimum d’organisation était nécessaire, une certaine routine, pour que les apprentissages « formels » aient aussi leur place.

On se dit parfois : « on est à la maison, on fait comme on veut, si ce n’est pas fait aujourd’hui ce sera fait demain… » Or les enfants aiment avoir des repères, même s’ils paraissent contraignants. Cela les rassure et apporte un certain cadre : on ne va pas à l’école mais on travaille tous les matins entre 9h30 et 11h30. C’est simple, clair et efficace !

Là où c’est moins simple, moins clair mais d’autant plus efficace, c’est quand il faut s’adapter aux demandes. Et l’IEF apporte cette grande souplesse qui permet de répondre aux demandes de chacun : le grand s’intéresse aux fossiles, nous organisons une sortie au muséum. La deuxième pose des questions sur les « vraies » princesses, où trouver des ressources ? Quand à la troisième, elle est dans une période de peinture, avec le nettoyage que cela demande…

Si nous étions à l’école, tout le monde ferait la même chose en même temps, et les enfants ne se sentant pas concernés par le sujet s’ennuieraient ou feraient le bazar.

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Ici, on peut lors de la sortie au muséum apporter des carnets de croquis et des crayons pour dessiner ce que l’on trouve intéressant. Les plus beaux croquis peuvent être mis en peinture après.

Pour ce qui concerne les princesses, c’est plus délicat, bien que l’on trouve des reines chez les abeilles et les fourmis !

Par contre, en demandant autour de moi, j’ai trouvé un livre traitant des princesses, celles des contes et celles ayant vraiment existé, très bien fait. Demander de l’aide apporte souvent des solutions !

En tant qu’enseignante, je continue de m’adapter en fonction des enfants, des demandes, des centres d’intérêts… Je n’ai pas toujours les réponses aux questions que l’on me pose, ou bien je n’ai pas le matériel pour travailler un thème donné, mais je choisis d’improviser, parce que c’est maintenant ou jamais!

Je me débrouille pour répondre aux questions le plus exactement possible… Ils sont passionnés par les pierres ? Nous allons parler géologie. Ils veulent faire de la chimie ? J’apporte du papier pH. Ils veulent faire de la peinture ? J’apporte des livres sur les peintres du XXe siècle, et leur raconte les différents courants pendant qu’ils peignent à la façon de l’un ou de l’autre des grands peintres.

Et chacun travaille librement à un sujet qu’il a choisi, pour rester maîtres de leurs apprentissages.

Alors, enseignant, prêts pour l’IEF ?

Je suis, à l’école avec un groupe de 16 enfants, une enseignante-parent qui poursuis mon expérience d’IEF.

Bien sûr, le cadre n’est pas le même, les enfants se lèvent pour venir à l’école, parfois très tôt. Il y a les copains-copines, je ne peux pas leur laisser une aussi grande liberté que celle que je laissais à mes enfants à la maison.

Mais pour ce qui est de l’enseignement, je m’efforce de les accompagner et m’adapter à chacun, comme avec mes enfants à la maison.

Il me semble que cette expérience devrait être partagée par une majorité d’enseignants. Pour voir les apprentissages différemment, pour voir les enfants différemment, pour voir la vie différemment… sans se mettre la pression, pour apprendre avec plaisir et confiance !

ouverture d'esprit garantie chez les profs qui font l'IEF !
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Cet article a 6 commentaires

  1. Duval

    Je suis tout à fait d’accord!!! je suis moi même enseignante et actuellement à la maison, en congé parental, je pratique l’IEF et je sais, je sens, que ma « façon » d’enseigner sera différente au sortir de cette expérience.

    1. Laetitia Plisson

      Merci pour ce partage d’expérience ! Je connais plusieurs enseignants qui ont choisi de prendre une disponibilité pour faire l’instruction en famille avec leurs enfants. Certains sont allés jusqu’à quitter la fonction publique pour créer une école privée hors contrat, correspondant mieux à leurs choix pédagogiques… Et d’autres, après s’être formés à la pédagogie Montessori et l’avoir pratiquée à la maison, l’adaptent dans leur classe d’école publique, patiemment, et arrivent petit à petit à proposer du Montessori à l’école pour tous ! Tout est possible…

  2. Geneviève

    Question complémentaire: tous les enseignants devraient-ils avoir de enfants?
    On dit souvent que les meilleurs enseignants sont ceux qui ont peiné à l’école. Peut-être que cela développe l’imagination.

    1. Laetitia Plisson

      C’est une très bonne question ! Effectivement, tous les enseignants ont été des enfants…qui se sont souvent ennuyé, ou qui avaient du mal à suivre et auraient aimé qu’on leur propose autre chose ! Et comme il existe de très bons enseignants qui n’ont pas d’enfants, pour n’exclure personne, j’aurais pu intituler cet article « tous les profs devraient faire l’IEF, ou en avoir rêvé quand ils étaient à l’école « !

  3. Charlie

    Coucou Laetitia,
    C’est Charlotte !!! On avait fait le stage 1 à La Source en co-location 😉 Cela me ferait plaisir de reprendre contact et d’échanger sur le chemin parcouru depuis !!! A bientôt ?!!

  4. Geneviève

    Ça demande aussi aux grands parents de faire confiance à leurs enfants qui font confiance à leurs enfants. De ne pas dire « de mon temps » et de constater le positif de la situation.

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