L’IEF ou instruction en famille est un choix encore très marginal en France aujourd’hui, qui concerne environ 50000 enfants. Mais surtout, c’est une liberté que nos politiques discutent en ce moment à l’Assemblée : pour conforter les principes républicains, faut-il interdire l’IEF ? Ou bien faut-ils renforcer les contrôles, et soumettre l’instruction en famille à autorisation ? Pour moi, l’IEF ne doit pas être soumise à autorisation, et je t’explique pourquoi dans cet article.
Mais avant, voici un reportage de France 3 dans lequel nous apparaissons en famille. Il s’agit du journal du 19/20 de dimanche 31 janvier 2021.
L’IEF : une liberté bien encadrée
Aujourd’hui, les lois encadrent déjà très clairement l’instruction en famille. Tous les deux ans, nous recevons une visite à caractère social, organisée par la mairie de notre domicile.
Et chaque année, nous avons un contrôle pédagogique organisé par l’inspection d’académie, pour chacun de nos enfants. Ces rendez-vous peuvent durer jusqu’à 2 heures : un vrai temps d’échanges, de méthodes, d’éventuels tests, de conseils méthodologiques.
Si une famille montre trop de réserves, des retards d’apprentissages non pris en compte, un programme qui ne se réfère pas au Socle Commun de compétences et de connaissances, alors l’inspecteur peut demander un second contrôle la même année. Et s’il n’y a pas eu d’évolution, alors il peut demander la scolarisation forcée de l’enfant concerné.
Les enfants en IEF sont donc beaucoup mieux suivis que des enfants scolarisés !
Pourquoi interdire l’IEF ?
L’instruction en famille dérange… mais pourquoi ?
Le lien fait par Emmanuel Macron dans son discours du 2 octobre sur les séparatismes est simple : trop de personnes se positionnent en dehors des principes républicains et deviennent des séparatistes ; il faut les reconduire dans le droit chemin.
Or les enfants instruits en famille ne vont pas à l’école de la République. Est-ce parce que les familles s’opposent à notre société, notre gouvernement , notre république ? Est-ce que ce sont des familles maltraitantes, ou des fanatiques religieux qui vont enrôler leurs enfants dans quelque secte ?
Effectivement, on peut penser que si tous les enfants allaient à l’école, ce serait beaucoup plus simple. L’Etat pourrait contrôler à la source l’instruction qui leur est donnée. Et donc vérifier qu’elle ne soit pas contraire aux principes républicains.
Mais il faut bien comprendre que l’école ne convient pas à tout le monde. Et que certains parents ont envie de s’investir à fond auprès de leurs enfants. Faire rentrer tout le monde dans un moule n’est pas une bonne solution : la diversité fait partie de la richesse de notre pays !
IEF : une liberté soumise à autorisation ?
Une nouvelle idée , un compromis, a été proposé aux députés. Au lieu d’interdire purement et simplement, l’IEF, ce qui serait anticonstitutionnel et contraire aux Droits de l’Homme, il faudrait la soumettre à autorisation.
De ce fait, certaines personnes pourraient poursuivre l’école à la maison, et d’autres non. La demande d’autorisation devrait se faire annuellement, et les parents recevraient une réponse dans les deux mois.
On pourrait se dire que c’est un bon compromis. Mais quelques questions restent en suspens :
- Qui donnerait les autorisations ?
- Sur quels critères ?
- Dans quels délais (notamment en cas d’urgence ?)
Pourquoi l’IEF ne doit pas être soumise à une autorisation
Une liberté ne doit pas faire l’objet d’une demande. Les libertés d’expression, d’entreprendre, de propriété… ne sont pas soumises à autorisation. Seulement à des déclarations dans certains cas.
Un état ne peut pas tout contrôler. Sinon, il vire au totalitarisme : j’espère sincèrement que ce n’est pas ce qui se profile chez nous aujourd’hui.
Bien sûr, une liberté a des limites. Et la première, celle de s’arrêter là où commence celle des autres. Mais justement, l’IEF ne dérange personne. Faire l’IEF, c’est aussi trouver sa place dans la société, avoir des échanges avec les autres, souvent basés sur le respect. C’est avoir le temps pour des sorties, achats chez les petits commerçants, rencontres avec des associations ou personnes de notre quartier.
Aujourd’hui, pour faire l’IEF il suffit de faire une déclaration. On atteste prendre cette liberté, et l’utiliser pour nos enfants.
Si demain nous devons faire une demande, comment pouvons nous nous projeter dans une projet éducatif ? Si chaque année, nous attendons l’autorisation avec angoisse ? Et si l’un de nos enfants est autorisé à faire l’instruction en famille, et pas l’autre ?
Mais surtout, si notre enfant ne va pas bien à l’école : comment pouvons-nous attendre une autorisation ? Qui mieux que les parents connaît son enfant et voit qu’il faut agir vite à certains moments ?

L’IEF peut être une urgence vitale
Je connais plusieurs familles qui ont retiré leur enfant de l’école très rapidement, du jour au lendemain. Sans qu’un délai de demande d’autorisation et d’accord ne soit envisagé.
Quelles étaient leur motivation ? A chaque fois, un enfant qui allait mal. Qu’ils voyaient de plus en plus triste, maussade, ou agité, mal dans sa peau. La cause ? Des situations de harcèlement, moqueries répétées, dévalorisation, de la part d’autres enfants ou parfois même de l’enseignant.
Alors déjà, ce choix n’a pas été facile pour les parents. Il leur a demandé une mûre réflexion, beaucoup d’observation, de dialogues avec la maîtresse ou la directrice, de chercher des solutions…
Quand les parents en viennent à déscolariser leur enfant, c’est rarement de gaieté de coeur. Mais si, quand ils se sentent prêts, ils doivent encore faire une demande et attendre l’autorisation, cela ne fait qu’allonger la souffrance de l’enfant.
Et… si l’instruction en famille leur est refusée ? Quelles solutions seront possibles ?
L’IEF doit rester une liberté pour tous. Une VRAIE liberté.