Les meilleurs enseignants sont ceux qui ont la main verte ! Tu te demandes probablement quel est le rapport entre l’enseignement et le jardinage ? Surtout si tu travailles dans l’enseignement, que tu te sens parfois désemparé, découragé d’avoir à répéter sans arrêt la même chose aux mêmes enfants… Je vais t’expliquer tout de suite comment je vois le rôle de l’école, avec une petite histoire…
Chaque enfant est un jardin
Une histoire, ou plutôt une jolie métaphore. Imagine que chaque enfant est un jardin. Il y en a des petits, des grands, des potagers, des jardins zens ou fleuris… L’enseignant devient un jardinier.
Dans chaque jardin naissent spontanément des plantes : plantes droites ou grimpantes, fleuries, feuillues, des herbes et des arbres. Ces plantes sont propres à l’enfant, elles sont son jardin secret, sa personnalité.
Les parents, comme les enseignants-jardiniers, peuvent aider l’enfant à identifier ces plantes et à en prendre soin. Personne ne peut prétendre à les déraciner pour les changer.
Tu as probablement déjà entendu parler de permaculture ? C’est un mode d’agriculture respectueux à la fois de la nature et des gens, basé sur beaucoup d’observation et un minimum d’interventions dans les processus naturels. Un système qui reproduit un peu ce qu’il se passe dans une forêt. Eh bien, c’est le même concept avec le jardin de l’enfant !
Dans ce jardin, quelques plantes trouvent leur place en périphérie : ce sont celles apportées par l’éducation des parents.
Parfois ce sont des chênes aux grandes racines, parfois des peupliers, des cerisiers, des bouleaux… Ils peuvent envahir le jardin de l’enfant ou le protéger des agressions extérieures. C’est aux parents de prendre soin de ce qu’ils plantent, pour obtenir une belle harmonie d’ensemble. Toujours à la façon permaculture, les plantes amies peuvent être plantées tout près pour protéger, d’autres peuvent fournir de l’ombre aux petites pousses craignant le soleil…
[ Le jardin, tu connais (ou pas), mais ton enfant, c’est une autre histoire ? Tu as l’impression qu’il / elle est une énigme pour toi ? Dans ces conditions, difficile de savoir quoi planter pour protéger son jardin ! Je te propose des exercices pour apprendre à l’observer avec un nouveau regard, et à t’observer toi-même, afin de mieux vous comprendre ! ]
Le rôle de l’école : responsable des semis
Autour du jardin secret de l’enfant et de celui apporté par les parents, voici notre zone d’intervention, à nous, enseignants. C’est là l’espace du monde extérieur, celui qui entre en relation avec l’enfant : l’école, par exemple !
Le rôle de l’école n’est pas le même que celui des parents. L’enseignant n’a rien à planter ! Il n’a en sa possession que quelques graines, à semer patiemment.
Des graines de justice, des graines de respect, des graines d’ouverture, d’autres d’esprit critique, des graines de réflexions logiques et d’autres de techniques de mémorisation…
Ces graines germeront dans certaines conditions : il faut que la terre leur convienne, qu’il n’y ait pas trop de vent, un peu de pluie, mais ni sécheresse ni inondations, il faut qu’elles aient un peu de place et que l’on prenne soin d’elles… Et il faut également de la patience.
Certains jardins sont prêts à accueillir ces graines et à en faire de belles plantes. D’autres ont trop de soucis pour que les racines s’installent. Mais les graines pourront rester endormies très longtemps dans la terre, et germer un jour où on ne s’y attendra plus.
Donc, quel est le rôle de l’école concrètement ?
Comment transposer cette histoire dans la réalité, bien qu’elle parle d’elle-même ?
L’école a officiellement plusieurs fonctions, plus ou moins importantes, plus ou moins mises en œuvre.
On pourrait retenir trois rôles majeurs :
- une fonction d’apprentissage : des savoirs, une culture commune, mais aussi une capacité de raisonnement, la liberté de conscience, l’esprit critique…
- une fonction de socialisation : créer un sentiment d’appartenance à un groupe, une nation, comprendre la notion d’intérêt collectif ;
- et une fonction de préparation au marché du travail : obtention de diplômes, reconnaissance des aptitudes de chacun, évaluation des compétences, mise en avant des valeurs travail, mérite…
Pourtant, quel est réellement le rôle de l’école aujourd’hui ? Dans tous ces éléments, les plus essentiels pour l’enfant lui-même, sont-ils vraiment ceux qu’on lui enseigne le plus ?
Il semble que des termes comme « évaluation », « catégorisation », aient pris beaucoup de place. Qu’il faille surtout se conformer à un moule, pour coller aux exigences d’une société dans laquelle capitalisme et consommation ont pris désormais plus d’importance que le bonheur des adultes de demain.
Or, s’il devait se résumer en une seule phrase, le rôle de l’école ne devrait-il pas être de compléter l’action des parents pour aider les enfants à devenir des individus épanouis et heureux ?
Ce que raconte cette histoire, c’est que l’école n’est là que pour donner des outils. Elle ne doit pas chercher à modifier l’enfant, son caractère, sa personnalité. Son rôle est de fournir à l’enfant les moyens de faire face au monde extérieur. Lui procurer les graines dont il aura besoin pour construire son avenir.
Ces graines que nous semons et ressemons trouveront un jour la place appropriée et sortiront de la terre quand l’enfant sera prêt. Ce sera peut-être à la saison prochaine, ou une autre année, ou même quand eux aussi auront leurs propres enfants… Qui sait ?
Nous ne serons peut-être plus là pour le voir, mais nous œuvrons chaque jour pour une vie meilleure !
Alors, enseignants, retroussez vos manches, et continuez à semer !
Bonjour. Je vous invite à découvrir cet ouvrage qui fait écho à votre site. L’école est un jardin. L’élève un être en fleur.