Pourquoi apprendre à écrire alors que nous avons des claviers d’ordinateurs ou de tablettes avec correction orthographique ? De plus, l’écriture est souvent plus lente à acquérir que la lecture ou le calcul. C’est long, il faut beaucoup pratiquer pour avoir une belle écriture, et puis il y a l’orthographe, la grammaire… Pourquoi s’embêter avec tout cela ?
A quoi ça sert, d’apprendre à écrire ?

Eh bien non, je ne vous dirai pas que cela ne sert à rien. Bien sûr, on apprend la maîtrise de notre langue maternelle à l’oral d’abord, mais l’écrit permet de peaufiner certains détails qui peuvent nous échapper d’un premier abord.
L’écrit permet de communiquer de différentes façons :
- juste avec soi-même, pour vider son esprit de ce que l’on ne doit pas oublier. L’exemple type est la liste de courses, qui une fois notée nous permet de bien penser à tout.
- communiquer à distance : que ce soit par lettre ou courriel, cela permet à des personnes à l’autre bout du monde de recevoir nos messages, sans souci du décalage horaire ou de déranger, puisqu’elles liront leur lettre au moment où elles sont disponibles.
- prendre le temps : l’écrit permet d’avoir un temps plus long pour réfléchir à ce que l’on va dire et aux mots que l’on va utiliser pour le dire, des éléments essentiels qui font que le message sera différent de celui délivré à l’oral.
- être exhaustif : on ne pourrait pas expliquer à l’oral, dans une conférence par exemple, le contenu de tout un livre ! L’oral dure un certain temps, mais l’écrit reste, peut se relire, se compléter… jusqu’à arriver à une encyclopédie. L’écrit transmet donc des savoirs, des histoires, qui peuvent être très longs et que l’on va lire en plusieurs fois, et qui peuvent aussi être très complets.
Et puis, l’écrit permet aussi de composer des poèmes, des chansons, et d’accéder à la compréhension de blagues, jeux de mots, contrepèteries… Se faire plaisir est l’un des éléments fondamentaux pour développer les apprentissages !
Comment alors apprendre à écrire avec plaisir ?

Pour avoir envie d’apprendre à écrire, on peut commencer par lire.
Lire, lire et relire… de tout. Que ce soit l’enfant qui lise seul, ou le parent qui « fasse la lecture » : plus l’enfant entend ce qui est écrit, plus il fera la différence entre l’oral et l’écrit. Et plus il pourra avoir envie d’écrire…
De la notice de l’appareil photo aux poèmes de Mallarmé, en passant par Victor Hugo ou les romans de Chair de Poule, tout est bon à lire, tant qu’on se fait plaisir ! Lire permet de se préparer à l’écriture : en lisant, nous mémorisons inconsciemment l' »image » des mots, leur orthographe, et également les tournures de phrases, du vocabulaire nouveau, l’organisation des idées dans un texte… C’est une excellente préparation aux rédactions, et une grande aide pour comprendre la grammaire également.
Apprendre à écrire demande de maîtriser le geste d’écriture
Bien sûr, il faut tenir un crayon ! En dessinant, on entraîne sa main à tenir un stylo, à diriger ses gestes, à acquérir de l’endurance. Écrire, c’est du sport ! On peut aussi s’entraîner à partir de pâte à modeler, d’argile, ou avec diverses activités de motricité fine…
ll est souvent proposé à l’école maternelle de faire du graphisme, c’est à dire des séries de points, de cercles et autres formes géométriques, des rayures dans un sens ou dans l’autre, pour préparer sa main à écrire, et à tracer dans le sens de l’écriture. C’est une bonne chose si l’enfant s’y intéresse.
Pour ceux qui n’y trouvent pas d’intérêt, on peut aussi proposer des activités comme nettoyer une table ou de la vaisselle, en formant des ronds avec l’éponge dans le sens de l’écriture des O. Ou bien aligner des objets en les rangeant de gauche à droite, ou de haut en bas… le sens de l’écriture peut s’acquérir aussi sans papier ni crayon !
Astuce anti-découragement !
Pour avoir envie d’écrire, il faut avoir des choses à raconter. Et au lieu de buter sur chaque phrase, on peut choisir de les dicter à un adulte ! L’adulte peut noter l’histoire, puis la reprendre avec l’enfant, revoir avec lui certaines répétitions ou tournures de phrases, jusqu’à ce que le résultat soit satisfaisant pour les deux.
L’enfant se sent valorisé, car même s’il n’a pas tout écrit de sa main, il s’agit de sa propre production tout de même ! Il peut, s’il est motivé, recopier ce que l’adulte a écrit. Une belle façon d’apprendre à écrire, aussi bien le fond que la forme !
D’autres enfants vont spontanément écrire des histoires, même sans orthographe. Ils sont satisfaits si l’adulte arrive à les lire, et petit à petit vont acquérir des notions de grammaire et d’orthographe qu’ils intégreront dans leurs prochaines productions.
Tout cela est possible bien sûr s’ils ne se sentent pas jugés ou évalués : on ne raconte pas la même chose lorsqu’on est libre ou lorsqu’on nous impose un sujet qui sera source de jugement !
En résumé…

Pour apprendre à écrire, il faut que cela se fasse le plus naturellement possible. L’écriture dans ses débuts est une production personnelle, comme un dessin. A travers ses mots, ses phrases, l’enfant raconte ce qu’il a au fond de lui, ce qui lui tient à cœur, ce qu’il a envie d’exprimer, et il est satisfait de le faire.
Bien sûr, ses lettres ne sont pas « bien formées ». Bien sûr, il y a des fautes. Bien sûr, cela pourrait être mieux dit. Mais est-ce là l’important ?
Si on arrive à conserver chez l’enfant ce désir de raconter, ce désir de laisser une trace, alors l’orthographe et la grammaire ne seront que des petites marches pour atteindre tranquillement un niveau d’écriture correct… voire meilleur que la moyenne, car la curiosité et le désir d’apprendre auront été préservés !
Racontez-moi, comment vous, vous avez appris à écrire ?
Bonjour, j’aime beaucoup votre astuce anti-découragement transgénérationnelle. De mon côté, j’aide les parents, grand-parents et autres adultes à expérimenter les bienfaits de l’écriture pour eux. Ensemble pour l’écriture !