Dans cet article du Monde, le constat est accablant : nos enfants vivent de plus en plus dans des villes, dans des appartements, avec un accès restreint à la nature. Peu de jardinage, quelques petits parcs, une cour de récréation souvent goudronnée…
Et pourtant, la nature est indispensable à notre équilibre ! Comment enseigner les rudiments de l’écologie à des enfants qui ne connaissent pas la forêt, la rivière, les arbres et les fleurs ?
La pédagogie Montessori : observer avant tout
Maria Montessori était très attachée à l’observation de l’environnement par l’enfant. Au lieu de raconter des histoires imaginaires, elle veillait à raconter des histoires vraies, et si possible locales. Les enfants sont en permanence rapportés au réel, au concret : on observe d’abord, on manipule, on explore. Ensuite, on peut décrire, raconter, et analyser. Plus tard, on pourra apporter des hypothèses venant de nos premières observations et de ce que nous en avons mémorisé.
Observer, c’est ce qui se passe dans la classe : les enfants observent la présentation du matériel, puis le manipulent par eux-mêmes. D’autres observations peuvent leur venir à tout moment, car ils restent attachés à un matériel concret.
Oui, mais comment observer la nature ?
Dans une école, il y a une cour… oui, mais… La cour est rarement un champ, une rivière ou une montagne à elle toute seule ! Elle permet toutefois quelques premières observations, pouvant mener jusqu’à un élevage d’escargots par exemple !
Dans notre école, dès que les beaux jours arrivent, nous sommes souvent de sortie. Au parc de la Creusille, à 10 minutes à pieds de l’école, ce petit parc en bord de Loire nous offre un superbe terrain d’observation !
En laissant les enfants faire, ils ont été très vite attirés par la Loire. Nous l’avons vue haute, et plus basse, grise, bleue, charriant des branches… Nous y avons croisé des canards, des mouettes, des hérons, des aigrettes… Et puis, il y a eu les grenouilles que nous n’avons toujours pas réussi à attraper, les insectes en tout genre. Et plus récemment, c’est même une petite écrevisse que nous avons découvert !
Depuis quelques mois, il y a maintenant la famille de ragondins, qui a pris place près du ponton. Les enfants courent toujours voir si les ragondins sont présents avant toute chose. On a pu voir leur hutte, les voir nager, la mère allaiter ses petits…
Observer, et après ?
A chaque sortie, je note nos observations, les photographie si besoin. De retour en classe, certaines vont faire partie de projets, de questionnements, d’approfondissements. D’autres en resteront là.
L’intérêt d’aller au contact avec la nature n’est pas uniquement d’apprendre à suivre une démarche scientifique. J’en vois beaucoup d’autres :
- le rapport au temps qui s’écoule, aux saisons,
- le lien et l’empathie avec les animaux, quelle que soit leur espèce
- s’entraîner, essayer, montrer son habileté (lorsqu’il faut attraper des grenouilles par exemple, ou escalader un rocher)
- profiter du calme, du bruit des feuilles dans les arbres, des moments d’apaisement
- …
nature vs structures
Dans ce parc, il y a des structures de jeux. Une aire assez grande, avec des toboggans et une « toile d’araignée ». Je pensais au début que les enfants fileraient droit aux jeux et ne chercheraient pas à observer la nature présente dans ce parc.
Finalement, j’ai observé (c’est aussi mon travail d’éducatrice ;). Et voici mon bilan : Les enfants vont aux jeux lorsqu’ils ont besoin de se dépenser. C’est-à-dire principalement l’hiver, quand il fait froid, pour courir un coup et se réchauffer. Ou bien lorsque l’ambiance est un peu tendue dans la classe, disputes, conflits en tous genres. Et cela arrive souvent avant les vacances, dans des périodes de fatigue générale.
Le reste du temps, nous allons au parc pour observer avant tout. Parfois même juste pour faire du dessin d’observation. Pas si simple d’apprendre à dessiner ce qu’on a sous les yeux ! Peut-être l’objet d’un prochain article…