Votre enfant doit apprendre l’Histoire, la géographie ou l’Histoire de l’art… et ce ne sons pas des matières qui l’emballent ? Il faut dire que tous les enfants ne se passionnent pas à 8 ans pour Charlemagne, les fleuves de France ou le Baiser de Klimt…
Comment alors l’aider à s’intéresser à ce qu’il doit apprendre ?
Vous trouvez-ça intéressant ?
Faisons d’abord une petite expérience. Imaginez-vous dans un groupe, plus ou moins grand (avec votre conjoint, ou quelques amis). Un professeur vient vous parler pendant une demi-heure de la migration des anguilles. Comment réagissez-vous ? Êtes-vous plutôt « bon élève », vous prenez des notes, écoutez bien et le travaillerez à la maison pour l’apprendre au mieux ? Ou bien regardez-vous le professeur avec mille questions dans le regard : à quoi cela va me servir ? Tout le monde s’en fiche ! Pire, vous pouvez aussi échanger des regards avec vos amis, et piquer un fou rire étant donné le peu d’intérêt que vous portez au sujet, et rendre le cours un peu agité…
Il faut reconnaître que, à moins d’avoir choisi de faire des études de biologie poussées, peu de personnes vont spontanément s’intéresser à la migration des anguilles.
Comment alors peut-on faire pour intéresser les personnes, adultes ou enfants, à un tel sujet ? Car si on y arrive pour celui-ci, on y arrivera pour tous, non ?
Rendre intéressant ce qui ne l’est pas
Maintenant, imaginons la situation autrement. Vous êtes toujours avec votre conjoint ou vos amis, lorsque le professeur vous demande, entre vous, de collecter toutes les informations que vous connaissez sur la migration des anguilles. Vous avez un quart d’heure pour creuser vos méninges, réfléchir, essayer de vous souvenir. Peut-être allez-vous vous rappeler un documentaire animalier sur lequel vous étiez tombé par hasard, une visite lors de vacances avec Papy et Mamie… Vous pouvez parler et rigoler en partageant votre aversion pour les anguilles, et imaginer des choses sur leur éventuelle migration dont vous ne savez rien.
Au bout d’un quart d’heure, vous n’en saurez peut-être pas plus si les autres personnes de votre groupe n’étaient pas plus avancées que vous. Vous partagez vos réflexions et découvertes, puis le professeur résume en dix minutes les points essentiels à savoir sur la migration des anguilles. Eh bien, bon élève ou pas, je peux vous assurer que vous serez attentif aux 10 minutes de cours, car quel que soit le sujet vous aurez déjà réfléchi dessus !
Comment ça marche ?
Pour rendre une chose intéressante, il faut qu’elle suscite mon intérêt. Jusque là, rien de difficile. Mais pour susciter mon intérêt, il faut qu’elle m’attire, qu’il y ait un vide à combler, qu’il y ait une question à laquelle je ne sais pas répondre.
Il faut donc simplement poser les questions avant de donner les réponses ! Le fait de réfléchir à un sujet, de mobiliser nos connaissances nous montre où sont nos lacunes et spontanément nous aide à les combler. Même sans le vouloir, nous avons réfléchi à ce sujet, et donc nous voulons avoir la réponse ! Au moment du résumé, notre motivation, notre concentration et notre écoute sont prêts à recevoir les informations.
Avec les enfants ?
J’utilise cette façon de faire deux fois par semaine, pour des rituels d’histoire et d’histoire de l’art. Comment ? C’est très simple : j’ai fabriqué des fiches sur des personnages historiques plus ou moins connus : hommes politiques, grands sportifs, scientifiques, femmes connues, chanteurs, architectes… Au recto, j’ai juste une image de la personne (photo ou dessin, souvent avec un attribut : bâtiment construit pour les architectes, leur invention pour les scientifiques…) Au verso, la fiche au complet.
On commence par montrer l’image : Qui est-ce ? Les enfants décrivent l’image rapidement : un homme, il a l’air vieux, il est en costume… Puis ils donnent leur avis : un homme politique, un journaliste, un architecte… et enfin proposent une période à laquelle il aurait vécu, ou des dates approximatives. Une fois que tout le monde a son idée, l’un d’entre eux lit le contenu de la fiche. Chacun découvre alors s’il avait raison ou tort. Un double de l’image est placé sur notre frise historique, pour s »aider visuellement à placer cette personne dans le temps.
Nous faisons la même chose en histoire de l’art : chaque semaine, une œuvre leur est proposée. Chacun s’entraîne à la décrire à l’oral, ils notent alors des détails que d’autres ont vu mais auxquels ils n’étaient peut-être pas attentifs. Ils donnent aussi leur interprétation de ce qu’ils voient. Ils essaient de trouver la technique picturale (dessin, huile sur toile, modelage, sculpture, photo…), les dimensions et enfin la période.
Et finalement, ils aiment ça…
Je change un peu l’organisation de la classe à chaque période, mais je ne touche en aucun cas à l’œuvre de la semaine et au « Qui suis-je ». Les enfants adorent raconter à leurs parents qui était la personne-mystère du jour, et sans s’en rendre compte, ils apprennent !
Comment faire à la maison ?
Votre enfant a un exposé à faire sur Jules César, ou doit parler des civilisations Mayas ? Aidez-le à se poser des questions. Vous pouvez lui montrer des photos, et réfléchir avec lui dessus. Ou trouver des vidéos documentaires, à la bibliothèque ou sur Youtube !
Vous n’y connaissez rien, et lui non plus : faites-en un jeu d’enquête, une réflexion à deux et vous serez tous les deux ravis d’avoir appris quelques chose ! Quelle fierté après de montrer ses découvertes à toute la classe !
Alors, prêt à réfléchir sur n’importe quel sujet ?
Waouh! Quelle technique simple et redoutablement efficace !!!
En lisant, je me disais que je pourrais même l’utiliser avec mes clients dans mes ateliers pour les amener à apprendre plus facilement !
Merci, j’adopte !!
Caroline
Merci pour ce message !
J’avoue moi-même avoir été surprise, après réflexion, d’avoir passé quasiment une heure à réfléchir et m’intéresser à la migration des anguilles… Ça marche donc pour tout le monde, et c’est plus sympa de faire marcher la coopération dans le groupe tant qu’à faire !
Merci Laëtitia pour cette technique qui à l’air infaillible !
Je pense que je vais l’utiliser très vite avec mes enfants.