Faire le tour du monde en famille grâce à l’instruction en famille : rêve ou réalité ?

“Faire le tour du monde”. Rien que ces mots font naître des images : plages paradisiaques, temples millénaires, jungles mystérieuses, rencontres improbables… C’est un rêve que beaucoup d’entre nous ont caressé un jour, souvent enfoui sous le poids du quotidien.

Et quand on devient parent, ce rêve semble encore plus lointain : comment partir avec des enfants ? Et l’école, dans tout ça ? Les devoirs, les absences, les obligations…

Alors on laisse ce rêve de côté. On se dit que ce n’est pas raisonnable, pas le bon moment. On reporte.

Mais si je te disais que certaines familles l’ont fait ? Qu’il est possible de faire le tour du monde en famille, sans sacrifier l’instruction des enfants ? Mieux encore : que ce voyage peut devenir un formidable support d’apprentissage ?

L’instruction en famille (IEF) n’est pas seulement une alternative à l’école. C’est aussi une opportunité unique d’inventer un autre quotidien, au rythme de vos projets. Et parmi eux, pourquoi pas… un tour du monde.

Pourquoi faire le tour du monde en famille ?

Un tour du monde, ce n’est pas juste un long voyage. C’est souvent une quête de sens, un besoin profond de vivre autrement, de sortir de la routine, de se reconnecter à l’essentiel. C’est l’envie de passer du temps de qualité en famille, de partager des moments uniques, de découvrir le monde avec les yeux de ses enfants.

Pour beaucoup de familles, ce projet naît d’un déclic :

• Une envie d’aventure avant l’adolescence,
• Un burn-out professionnel ou parental,
• Une insatisfaction face au rythme imposé par la société,
• Ou simplement… l’appel de la route.

Mais soyons honnêtes : un tel projet demande du courage. Il faut oser remettre en question son confort, ses habitudes, son emploi, sa maison… Et surtout, il faut pouvoir l’envisager avec des enfants.

C’est là que l’instruction en famille change la donne.

L’instruction en famille : une clé pour partir

Le principal frein que rencontrent les familles lorsqu’elles envisagent un tour du monde, c’est la question de l’école.

Comment faire suivre le programme à ses enfants en étant constamment en mouvement ? Faut-il faire l’école à la maison tous les jours ? Et les obligations légales, comment les respecter depuis l’étranger ?

C’est précisément ici que l’instruction en famille (IEF) peut devenir un levier précieux. En choisissant de ne pas scolariser ses enfants de manière traditionnelle, une famille gagne en liberté de temps et de lieu, ce qui ouvre la porte aux grands projets… comme celui de faire le tour du monde.

L’IEF offre une souplesse unique :

• Pas de contraintes de vacances scolaires : tu décides du calendrier, des pauses, des périodes d’apprentissage.
• Pas d’horaires imposés : tu t’adaptes au rythme du voyage, à la météo, à l’état d’esprit du jour.
• Pas de salle de classe figée : la classe devient un temple au Cambodge, une forêt au Canada ou un marché en Thaïlande.
• Pas de murs entre la vie et l’apprentissage : tout est matière à découvrir, questionner, comprendre.

Et du point de vue légal ?

En France, l’instruction est obligatoire, pas la scolarisation.

Avant de partir, il est nécessaire de :

• déclarer l’IEF à la mairie et au Dasen,
• expliquer éventuellement le projet de voyage (sans que ce soit obligatoire),
• et organiser un suivi des apprentissages, même en contexte nomade.

Certaines familles choisissent aussi de se déscolariser temporairement, en revenant à l’école après le voyage. D’autres poursuivent l’IEF bien au-delà de l’expérience.

Tour du monde et apprentissages : une école grandeur nature

Faire le tour du monde en famille, ce n’est pas “faire une pause” dans les apprentissages. Bien au contraire : c’est leur donner une profondeur, une réalité, un enracinement dans la vie qu’aucun manuel ne pourra jamais égaler.

Chaque pays, chaque lieu, chaque rencontre devient une occasion d’apprendre autrement.

Géographie vivante

Les enfants n’apprennent plus les capitales sur une carte, ils les traversent à pied.

Ils comprennent ce que veut dire un climat tropical, un volcan actif ou une zone désertique… parce qu’ils le vivent.

Langues étrangères en immersion

Quelques semaines dans un pays anglophone ou hispanophone, et la langue devient naturelle.

Ils apprennent à dire “bonjour”, à commander un plat, à poser une question. Et parfois, ils s’attachent à une langue et s’y investissent plus profondément.

Histoire et cultures

Visiter les temples d’Angkor, les pyramides de Teotihuacan ou les ruines romaines…

Découvrir les coutumes d’un peuple, les fêtes locales, les modes de vie…

C’est une leçon de tolérance, de curiosité, d’ouverture.

Mathématiques et logistique du quotidien

• Convertir les devises,
• Gérer un budget,
• Lire une carte,
• Calculer une distance ou un décalage horaire…

Tout devient concret, utile, motivant.

Et bien plus encore…

Voyager apprend à :

• s’adapter,
• gérer l’inconnu,
• observer,
• coopérer,
• prendre soin de soi et des autres.

Préparer un tour du monde en famille : aspects pratiques

Faire le tour du monde en famille, ce n’est pas sauter dans un avion sur un coup de tête. C’est un projet qui demande de la préparation, de l’organisation et de l’anticipation, surtout lorsqu’on est en instruction en famille.

Voici les principaux points à prendre en compte pour transformer le rêve en réalité :

L’organisation pédagogique

Même si l’apprentissage est spontané en voyage, tu devras souvent prouver que l’instruction se poursuit.

Voici quelques conseils :

• Prévois un projet pédagogique souple qui met en valeur les apprentissages “hors programme” (culture, langues, géographie, etc.).
• Emporte du matériel léger : cahiers, ebooks, applications, jeux éducatifs.
• Garde un portfolio numérique ou papier (photos, récits, fiches d’activités, dessins…).

De nombreux inspecteurs apprécient les familles capables de relier apprentissages et vécu. Un tour du monde bien préparé est souvent bien accueilli, à condition d’en expliquer clairement les intentions éducatives.

Démarches administratives pour l’instruction en famille (IEF)

L’instruction est obligatoire de 3 à 16 ans ; mais pas nécessairement dans une école. Pour voyager tout en faisant l’IEF, tu dois obtenir une autorisation du DASEN. Bonne nouvelle : pour le motif itinérance, tu n’es pas obligé de déposer le dossier entre le 1er mars et le 31 mai de l’année scolaire précédente. Tu peux demander aussi l’autorisation en dehors de ces dates !

Quoi qu’il en soit, tu dois attendre la réponse de l’académie, qui arrivera dans les 2 mois.

Comment déposer la demande :

• Remplir le CERFA n° 16212 04
• Joindre une déclaration sur l’honneur indiquant que l’instruction sera majoritairement dispensée en français,
• Fournir justificatifs : identité des parents et de l’enfant, justificatif de domicile, description du projet éducatif (supports, rythme, méthodologie)… en fonction de la liste demandée.

Le budget

Partir faire le tour du monde ne coûte pas forcément plus cher que de vivre une année “normale” en France.

Tout dépend de vos choix :

• Destination (Europe vs Asie vs Amérique du Sud)
• Mode de transport (van, avion, train)
• Hébergement (échange de maison, Airbnb, camping, woofing…)
• Durée du séjour

Beaucoup de familles vivent l’aventure avec un budget de 15 000 à 30 000 € pour un an à 4 ou 5 personnes.

Les outils nomades utiles

• Applications éducatives (Khan Academy, Lalilo, Duolingo, etc.)
• Plateformes IEF en ligne (cours à distance ou ressources libres type SchoolMouv)
• Stockage cloud pour les documents d’apprentissage
• Connexion internet régulière (via carte SIM locale ou boîtier WiFi)

Se connecter à d’autres familles nomades

Tu n’es pas seul.e ! Il existe :

• Des groupes Facebook et forums d’entraide (familles tourdumondistes, IEF voyageurs, etc.)
• Des communautés sur la route (coworking, colivings, écoles alternatives temporaires)
• Des blogs et chaînes YouTube pour s’inspirer et apprendre des expériences vécues

Tour du monde en IEF : exemples concrets et témoignages

Quand on pense “tour du monde en famille”, l’image peut sembler irréaliste, réservée à une poignée de privilégiés. Et pourtant, de nombreuses familles l’ont fait, avec des profils, des budgets et des parcours très variés.

Ces exemples concrets montrent qu’avec de la volonté et de la préparation, ce rêve est bien plus accessible qu’il n’y paraît.

L’exemple de Céline : un tour du monde à 6

Il y a quelques années, Céline et son mari ont décidé de partir un an autour du monde avec leurs 4 enfants.

Leur point de départ : une envie commune de vivre autre chose.

Ils se sont donné deux ans pour tout préparer :

• construire leur itinéraire,
• organiser l’IEF,
• économiser suffisamment,
• informer leurs familles, leurs proches et les autorités.

Au programme : Asie du Sud-Est, Amérique du Sud, et une bonne dose d’imprévus.

Ils ont utilisé des outils pédagogiques simples, tenu un carnet de voyage familial, et profité de chaque lieu pour apprendre autrement.

À leur retour, ils affirmaient que ce voyage avait été une école de vie bien plus riche que ce qu’ils avaient imaginé.

D’autres façons de faire un “tour du monde”

Tour d’Europe en van ou camping-car :

Certaines familles choisissent de ne pas aller “autour du monde” au sens strict, mais de sillonner l’Europe à leur rythme. Moins coûteux, plus simple à organiser, et tout aussi riche en découvertes !

Séjour long dans un seul pays :

Plutôt que de multiplier les destinations, on peut aussi choisir un pays (ou deux) et y vivre plusieurs mois : immersion dans la langue, liens avec la population locale, stabilité temporaire.

Voyages par étapes :

Partir 3 mois par an, ou 6 mois tous les deux ans, selon le rythme de la famille et les possibilités professionnelles. Un tour du monde étalé, mais tout aussi passionnant !

Ce qu’ils en retiennent tous

Qu’ils soient partis un an ou quelques mois, tous les parents interrogés partagent ce sentiment :

« Ce voyage nous a transformés. Nos enfants ont grandi, pas seulement en taille, mais en confiance, en curiosité, en ouverture au monde. »

Faire le tour du monde en famille : et si c’était possible ?

Faire le tour du monde en famille, tout en pratiquant l’instruction en famille, ce n’est pas une utopie réservée à une poignée de rêveurs. C’est un projet concret, réalisable, qui demande certes de l’organisation, mais qui peut transformer durablement une famille.

L’IEF devient ici bien plus qu’une solution scolaire : c’est un levier de liberté, une invitation à inventer un mode de vie sur mesure, un outil pour tisser des liens plus forts avec ses enfants tout en leur offrant une ouverture sur le monde que peu d’écoles peuvent offrir.

Alors…

Et toi ?

Quel est le rêve que tu as peut-être laissé de côté ?

Est-ce qu’un tour du monde en famille est encore sur ta liste ?

En quoi l’instruction en famille pourrait le rendre possible ?

Tu peux partager ton projet, tes questions ou ton témoignage en commentaire. Je serai ravie de te lire et d’échanger avec toi.

Foire aux questions – Tour du monde en IEF

Est-ce que je peux partir faire le tour du monde en famille en pratiquant l’IEF ?

Oui, à condition d’obtenir une autorisation préalable du Directeur académique (DASEN) pour pratiquer l’instruction en famille. Le motif de l’itinérance ou d’un projet éducatif spécifique (comme un tour du monde) fait partie des raisons recevables. La demande doit être faite entre le 1ᵉʳ mars et le 31 mai pour la rentrée suivante, sauf si le motif apparaît plus tard.

Est-ce qu’un tour du monde coûte forcément très cher ?

Pas nécessairement. Tout dépend du mode de voyage : camping-car, échange de maison, volontariat, voyage lent… Certains parents disent avoir dépensé autant que leur budget annuel en France, tout en vivant une expérience bien plus riche. Il faut surtout anticiper les dépenses essentielles (transport, santé, assurances, etc.).

Est-ce que mes enfants vont vraiment apprendre pendant ce voyage ?

Oui, mais autrement ! Un tour du monde devient une école grandeur nature : ils découvrent la géographie sur le terrain, les langues au quotidien, l’histoire dans les musées, les mathématiques en gérant un budget… Et surtout, ils développent des compétences transversales : autonomie, curiosité, adaptabilité.

Que faire si je veux déscolariser mes enfants juste pour la durée du voyage ?

Tu peux tout à fait faire une demande d’IEF pour une année, en précisant que c’est un projet temporaire, puis envisager une rescolarisation au retour. Il n’y a pas d’engagement à long terme. Attention cependant à préparer un minimum le retour (notamment en respectant le socle commun de compétences).

Est-ce que je dois faire l’école tous les jours, comme à la maison ?

Pas du tout. De nombreuses familles choisissent une approche flexible, informelle ou en “unschooling” structuré, selon leur style et les besoins des enfants. L’essentiel est que les enfants progressent, même si ce n’est pas à travers des leçons formelles.

Et si je suis à l’étranger pendant un contrôle pédagogique ou une enquête ?

Préviens les autorités en amont (DSDEN, mairie). Les contrôles peuvent parfois être réalisés à distance, reportés, ou justifiés par un portfolio numérique. Le plus important est de rester en lien et d’être transparent sur les apprentissages en cours de route.