« Tu seras privé de tablette pendant une semaine ! », « Si c’est comme ça, tu n’iras pas à l’anniversaire de ta copine ! », « Va au coin ! », « File dans ta chambre ! »… Ces phrases te parlent ? Rien de surprenant. Car si les punitions physiques sont de plus en plus remises en cause et désormais sanctionnées par la loi, les autres punitions restent quand même monnaie courante. Et pourtant… Sais-tu qu’un nombre croissant d’études prouve que punir son enfant a des effets négatifs sur le développement des enfants ? Pas d’inquiétude, il y a d’autres solutions !
Pourquoi punit-on son enfant ?
Tu es de ceux chez qui la punition fait partie du quotidien ?
Si l’éducation positive, bienveillante, fait beaucoup parler et réfléchir dans bien des familles, ce n’est pas le cas partout. Et ça l’était encore moins il y a trente ans… Du coup, la fessée était considérée comme normale, et les punitions aussi (même s’il y avait déjà des familles qui procédaient autrement, bien sûr).
Et il est difficile de sortir du schéma que l’on a connu en étant petit. Tu ne t’es peut-être pas du tout posé la question, reproduisant sans réfléchir l’éducation que tu as reçue. Ou bien la question s’est posée de cette manière : « mes parents m’ont éduqué comme ça, et je ne pense pas être devenu quelqu’un de déséquilibré, alors pourquoi devrais-je faire autrement ? ». Il y a aussi la pression sociale, de certaines personnes, pour lesquelles « les parents doivent se faire obéir », qu’il faut « faire preuve d’autorité si l’on ne veut pas « se faire bouffer » », ces personnes qui pensent que ne pas punir son enfant revient à en faire un enfant roi qui tyrannise toute la maison…
Tu fais partie des convaincus de la parentalité positive mais tu dérapes parfois ?
C’est humain. Même avec la meilleure volonté du monde, il y a des jours où les enfants nous poussent dans nos retranchements. Pas volontairement, mais notre patience est mise à rude épreuve. Et tout ce dont tu rêves en matière d’éducation et l’harmonie familiale à laquelle tu aspires volent en éclats en quelques secondes…
Il y a aussi des jours où tu n’es pas bien. Tu peux être fatigué, stressé, malade… et forcément avoir beaucoup moins de patience qu’en temps normal. Et quand tu es à bout de nerfs et que tu menaces d’exploser, il arrive que tu envoies ton enfant dans sa chambre. Ou que tu le menaces de le priver de ceci ou cela, même si tu trouves ça nul…
Punitions : les effets sur l’enfant
Mais les punitions ne sont pas sans effet. Si elles sont une solution facile et souvent efficace pour stopper le comportement qui dérange en tant que parent, elles sont loin d’être bénéfiques pour le développement de l’enfant. Et ce pour plusieurs raisons.
La punition ne responsabilise pas l’enfant
En isolant l’enfant, ou en le privant d’un privilège sans aucun rapport avec le comportement inapproprié qu’il a eu, on l’empêche de faire face aux conséquences de ses actes. L’enfant ne comprend pas réellement ce qu’il a fait de déplacé ou dangereux. Il comprend simplement ce qu’il perd et ce qu’il perdra à nouveau s’il recommence. C’est ce qu’on appelle la « peur du gendarme ». Comme beaucoup d’automobilistes qui se comportent bien sur la route le font davantage pour éviter les contraventions que par réelle conscience du danger.
La punition génère du stress inutile pour l’enfant
L’enfant que l’on punit ne le prend en général pas très bien… Il peut pleurer, crier, se retrancher dans sa chambre s’il n’y a pas déjà été envoyé, se fermer totalement… Il ressent un tas d’émotions négatives, et beaucoup de colère envers la personne qui lui enlève quelque chose. Et ce n’est en général pas le moment où le parent est susceptible d’accompagner au mieux ces émotions négatives… L’enfant se sent donc peut-être triste, honteux, furieux, voire même trahi, et se retrouve seul à devoir gérer tout cela.
Punir son enfant altère le lien parent-enfant
En usant de la position de parent pour supprimer un avantage à l’enfant, ou pour l’obliger à aller dans sa chambre, on lui montre que c’est nous qui décidons. C’est le parent qui décide, et je décide de ça pour te casser les pieds, parce que tu m’as cassé les pieds ! On est clairement dans un système de supériorité, et ce n’est pas le plus approprié pour une relation saine avec son enfant. Celui-ci perd donc confiance en nous et la relation en prend un coup.
Comment remplacer les punitions ? 5 alternatives
Ok, punir son enfant, on évite. Mais alors, on fait comment ? On laisse tout faire ? On devient les esclaves d’un enfant tyran qui règne dans la maison comme sur un royaume ?
Non ! Il y a un fossé entre les parents qui punissent systématiquement et ceux qui sont totalement laxistes. Quand on dit qu’on ne punit pas ses enfants, que l’on est dans la parentalité bienveillante, beaucoup pensent qu’on laisse tout faire. Alors il y a peut-être des familles dans lesquelles cela se passe comme ça, mais ce n’est pas du tout le principe de l’éducation positive. Les points les plus importants sont l’écoute, la confiance et le respect. Les alternatives vont dépendre du problème rencontré et de l’âge de ton enfant.
1 – Demander à l’enfant de réparer
Quel que soit l’âge de l’enfant et si c’est possible, il sera toujours préférable de lui demander de remédier à ce qu’il a fait. Aller chercher un objet qu’il vient de jeter, éponger l’eau qu’il a renversée, passer le balai… S’il est encore tout petit, tu peux l’aider dans sa tâche. Cela lui montre que ce n’est pas forcément rigolo de réparer les conséquences… mais que c’est à lui de le faire. Et non à toi. Cela permet aussi de le responsabiliser, alors que punir son enfant ne lui enseignera rien du tout.
2 – Réorganiser l’environnement
Lorsque l’enfant est tout jeune et commence à crapahuter partout, il est fréquent de passer sa journée à lui dire « non ». Ce qui peut être épuisant pour nous parents, et très frustrant pour lui. Même en grandissant, ton enfant peut être constamment tenté par certains objets dans la maison, que tu n’as pas envie qu’il touche (parce qu’ils sont fragiles ou dangereux). Il est difficile pour un enfant de refreiner ses pulsions. Par conséquent, en retirant la tentation, en mettant l’objet hors d’atteinte (et hors de la vue bien sûr), tu évites la situation problématique.
3 – Donner des consignes positives, et à l’avance
Certaines situations ont tendance à se répéter encore et encore. D’autres sont prévisibles. Tu peux donc les anticiper. Prévenir à l’avance ton enfant, qu’il doit « rester jouer de ce côté » plutôt que « ne pas aller près de l’eau ». Que « le goûter se fait dans la salle à manger », plutôt qu’il doit « éviter d’amener ses biscuits dans la chambre ». Que « les feutres s’utilisent uniquement sur les feuilles » qu’il a à sa disposition, plutôt qu’il est « interdit d’écrire sur les murs ».
4 – Utiliser la conséquence logique plutôt que punir son enfant
La conséquence ressemble à la punition, à la différence qu’elle n’est pas là dans le but de frustrer l’enfant. Elle est en rapport avec le comportement de l’enfant. Par exemple, priver de dessert un enfant qui a utilisé ses ciseaux pour découper son tee-shirt n’a pas vraiment d’intérêt. Lui retirer ses ciseaux pour quelques jours est plus logique et évitera qu’il ne réitère la chose.
5 – Trouver des alternatives
Reprenons l’exemple de l’enfant et de ses ciseaux. Une autre alternative existe. Il semblerait qu’il ait besoin de découper. Pourquoi ne pas lui proposer une activité de découpage sympa ? A chaque bain, ton enfant en met partout et ça t’exaspère ? Si la saison le permet, tu peux lui mettre une petite pataugeoire dans le jardin et le laisser faire autant de vagues qu’il veut. Ou encore passer quelques heures à la rivière près de chez toi !
Bien sûr, ce ne sont là que quelques idées et il en existe encore plein ! Changer ta façon d’agir, remettre en question tes certitudes prend du temps, mais c’est tout bénéf pour tes enfants ! En parlant de parentalité positive, cette semaine, Camille et Olivier du site Les Supers Parents s’associent à Isabelle Filliozat, personnalité phare de l’éducation bienveillante, pour proposer tout un tas d’outils pratiques pour améliorer ta relation avec tes enfants. Si ça t’intéresse, c’est ici !